C’est quoi ?
Il existe différents types de réflexes :
- les réflexes intra-utérins: ils émergent au stade embryonnaire à la 5ème semaine de gestation. Le RPP (réflexe de paralysie par la peur) en est un. Il se manifeste par une réaction cellulaire de figement face au stress
- les réflexes primitifs ou archaïques : voir plus bas...
- les réflexes posturaux : le redressement, la stabilité, l'équilibration .. Ils prennent le relais après que les réflexes primitifs aient posé les fondements, une fois que la maîtrise des gestes est en bonne voie d'acquisition.
- les réflexes transitionnels : ils aident simplement à passer au stade suivant : le RTSC
Les réflexes archaïques ou primitifs sont des réponses motrices stéréotypées, des séquences de mouvements automatiques que l'on peut observer chez le nouveau-né (succion, déglutition, avoir la nausée, cligner des yeux, marche automatique, s'agripper, ramper..). Ils sont déclenchés par des stimuli sensoriels externes ou internes ou à des changements de position. Souvent, ils émergent déjà in utero et peuvent rester actifs plusieurs mois après la naissance.
Ils sont indispensables car ils favorisent le développement moteur, cognitif et émotionnel du tout-petit. Leur présence est donc le signe d'un bon développement du système nerveux et du tonus musculaire du bébé.
En effet, le corps, doté de différents systèmes sensoriels et de capteurs sensoriels, reçoit des informations tactiles, visuelles, auditives, olfactives, gustatives, proprioceptives et vestibulaires.
Le système nerveux central va donc interpréter ces informations sensorielles et gérer les réponses à apporter que ce soit pour une activité consciente ou inconsciente : toucher, voir, entendre, sentir, goûter et ressentir. C'est via les neurones efférents (émanant du système nerveux central : cerveau, cervelet, moelle épinière et tronc cérébral ) que seront transmis les messages de réponse aux muscles, aux tissus conjonctifs, aux glandes ou aux voies vasculaires. La réponse se fera soit dans un mouvement, une séquence de mouvements, ou bien à travers des sensations ou une réaction hormonale.
C'est ainsi que face à un événement angoissant ou stressant, le corps est concerné directement par des réactions difficilement contrôlables telles qu'une production de cortisol, un mal de ventre, une compulsion alimentaire, un figement ou encore par des manifestations physiologiques diverses et variées.
Le rôle des réflexes
Les réflexes ont plusieurs rôles
- un rôle de survie : ex. pour le processus de naissance, ou lors d'un stress...
- un rôle de protection : ex. lors d'une chute, d'un danger
- un rôle nourricier : s'alimenter
- un rôle de développement : ex. multiplication des connexions neuronales et myélinisation des fibres nerveuses
Les réflexes permettent et stimulent le développement moteur, cognitif et émotionnel : leur présence est le signe d’un bon développement du système nerveux et du tonus musculaire du bébé.
L'activité motrice du foetus repose à 100% sur les réflexes primitifs.
Ce sont en effet les réflexes primitifs qui vont permettre au tout-petit, dès la naissance, de pouvoir ramper jusqu'au sein de sa mère, de rechercher celui-ci et de s'y accrocher pour têter.
Chez le nouveau-né, les mouvements "automatiques" et rythmés que les bébés font tout naturellement renforcent la maturité du cerveau. Ils sont répétés et reproduits à l'envi jusqu'à ce qu'ils soient de mieux en mieux maîtrisés.
Concrètement, prenons l'exemple d'un enfant en coucher dorsal : la rotation de tête vers une source sonore enclenche automatiquement la rotation des épaules, puis celle du bassin et enfin de tout le corps, ce qui permettra "in fine" au bébé de se pouvoir se retourner sur le ventre. C'est donc le programme moteur inné du bébé qui lui permet de passer par les différentes étapes motrices : le retournement, le "ramper", le 4 pattes et les changements de position ( rotations, couché, assis..). Ces différentes compétences se construisent petit à petit et permettent au bébé d'avancer vers la marche et son autonomisation.
Dans un contexte favorable, l’enfant dont la motricité est libre pourra donc bien bouger, donc évoluer et développer les connexions neuronales en lien avec l’intégration sensorielle, la stabilité posturale, le contrôle des mouvements, le développement cognitif et l’équilibre émotionnel.
Le cycle d’un réflexe
Chez tout être humain, dans les conditions naturelles « idéales », le réflexe
- émerge,
- se développe (= phase de maturation plus ou moins longue ),
- puis il atteint un pic de maturité: cela signifie qu'il est très actif ( on appelle cette étape la "crise".. c'est par exemple lorsque le bébé est couché sur le ventre et qu'il recule au lieu d'avancer )
- le réflexe se met ensuite sur pause ( phase parfois appelée "d’inhibition" , mais ce n'est pas réellement le cas): il est « intégré ».
Généralement tous les réflexes sont intégrés à l’âge de 3 ans.
En revanche, certains peuvent déjà l’être avant un an.
Si le réflexe n'a pas émergé, il faut le développer
Si le réflexe est trop actif (alors que ce n'est pas utile), il faut l'intégrer
Chaque réflexe doit terminer son cycle afin qu'il ne se réactive plus qu'en cas de survie. Le travail de maturation du réflexe se fait à force d’exercer encore et encore les séquences motrices du schéma du réflexe. C'est alors que le réflexe primitif se mettra peu à peu en mode "veille" et que les mouvements involontaires s’estomperont pour laisser place à des mouvements de plus en plus volontaires et de mieux en mieux contrôlés.
La maturation du réflexe est un passage progressif du mouvement involontaire (agrippement automatique des doigts sur le hochet) à un mouvement volontaire (pouvoir ouvrir la main, prendre et relâcher le hochet intentionnellement)
Si le réflexe d’agrippement est hyperactif, on constatera notamment une pression excessive des doigts sur le stylo, la raquette de tennis, etc...
Si le réflexe ne s’est pas développé, la tenue d’un stylo, de ciseaux ou de couverts sera compliquée.
Les réflexes archaïques nous accompagnent tout au long de notre vie, car il sont indispensables à notre survie.
Ils se réactivent en cas de survie, comme par exemple :
- placer les mains devant soi en cas de chute
- s'accrocher à une branche si on tombe d'un arbre
- faire un mouvement de recul face à une situation de peur
- se pencher en avant pour enclencher la marche automatique si on est désorienté, désorganisé, ou atteint de la maladie d'Alzheimer
Le reste du temps, en dehors d'une situation de danger, les réflexes sont en mode "veille".
La maturité cérébrale et ses enjeux
à la naissance
À la naissance, le cerveau du tout-petit n’est pas du tout mature et les connexions entre les neurones sont fort peu nombreuses. La maturité cérébrale ne se fait pas toute seule.
C'est au fur et à mesure des stimulations par les sens du toucher, de l'équilibre et du kinesthésique, que les connexions entre les neurones vont se multiplier et que la gaine de myéline va se renforcer pour améliorer la vitesse de transmission entre les connexions neuronales.
Un déficit se traduit par des difficultés spécifiques de compréhension, d'organisation et de concentration
Jusqu’à l’âge d’un an, les connexions du système nerveux se développent à raison de 4,7 millions par minute !
Importance du mouvement
L'enfant n'apprend pas en bougeant, il bouge pour apprendre!
C’est grâce aux mouvements-réflexes que le SNC deviendra plus mature et que l'enfant parviendra, à force de répétitions, à produire un mouvement plus facilement, sans effort, ni mouvement compensatoire. Du moins, dans les conditions idéales où aucun incident de parcours tel qu’une pathologie, un handicap ou une lésion n’est présente.
Même si les mouvements effectués de manière automatique par les nourrissons sont parfois à peine perceptibles, tels des micro-mouvements, ils stimulent néanmoins pleinement le développement moteur et cérébral.
Le matériel de puériculture n'est pas toujours une bonne idée, surtout s'il maintient le bébé dans une position enroulée comme c'est le cas avec les sièges-auto communément appelés maxi-cosy. Il faut donc veiller à les utiliser uniquement lorsque c'est nécessaire .
Le passage par la position du « coucher ventral » est essentiel pour favoriser le développement neuro-moteur du bébé. Il permet :
- le renforcement de la chaîne musculaire postérieure (dos et cou)
- l'acquisition des appuis
- la connexion entre les mains et les omoplates
- la lutte contre la gravité
- un bon contrôle du port de tête
- un déplacement harmonieux, sans rigidité
Pourtant, en position ventrale, il se peut que le bébé veuille avancer, mais recule et soit frustré.
C'est en répétant ces expériences motrices, et en procédant par essais-erreurs que le bébé ira progressivement vers la maturation du réflexe concerné par cette séquence de mouvements.
Il vaut mieux l'accompagner dans ce passage que de le priver de cette étape indispensable pour son évolution motrice et psychique.
Le mouvement c'est la vie, et c'est l'état naturel de l'enfant. Il a un réel besoin de bouger et c'est source de joie pour lui de pouvoir le faire.
Outre le mouvement , le toucher est une nourriture affective dont le bébé a un besoin vital pour ses fondations psychiques.
Les stimulations sensori-motrices telles que les bercements, câlins, le peau à peau, la cohérence cardiaque, un toucher de qualité sont à prodiguer sans compter tout au long des premières années de vie.
Compétences cognitives
la maturité cérébrale permet un bon développement de la sphère cognitive :
- une disponibilité pour les apprentissages
- une capacité d'attention et de concentration
- une bonne mémoire à court et moyen terme
- l'accès aisé à la lecture, l'écriture, aux calculs
- l'audition, la discrimination auditive
- la vision (focalisation, accommodation, perception figure-fond, vision binoculaire, périphérique..)
- le langage, la syntaxe, le vocabulaire
- la compréhension
- le raisonnement, l'analyse réflexive
Chacune de ces compétences est souvent reliée à d'autres.
La vision, par exemple, peut être corrélée à
- à une difficulté du geste graphique
- à un maintien postural faible
- à des raideurs notamment au niveau du dos et du cou
- à un manque de concentration
- à des difficultés en lecture
- à des difficultés de compréhension
- à un manque de flexibilité corporelle et de dissociation des ceintures
- à des émotions telles que la timidité, le manque de confiance en soi
La maturité de l'oeil n'est pas terminée à l'âge où l'enfant entre en 1ère année
L'intégration des réflexes primitifs permet de remédier à cela et d'optimiser le circuit de la lecture avec moins de stress car la méthode RMTI, agit sur les circuits neuronaux : SAR, cervelet, corps calleux, cortex préfrontal.
La méthode du Bal A Vis X est particulièrement efficace pour développer les compétences neuro-visuo-motrices indispensables pour une scolarité aisée (mais également pour la pratique d'un sport).
Certains réflexes sont plus spécifiquement concernés par les fonctions cognitives :
le RTAC (réflexe tonique asymétrique du cou)
le RTSC (réflexe tonique symétrique du cou)
le RTL (réflexe tonique labyrinthique du cou)
le réflexe de redressement de la tête
le réflexe palmo-mentonnier de Babkin
les réflexes palmaires d'agrippement et de traction des mains
le réflexe de Babinski pour le développement du langage
et bien sûr le réflexe de Moro qui joue un rôle prépondérant dans la sécurité intérieure et dans le traitement auditif et visuel.
Habiletés motrices
On dit qu'un réflexe non intégré est comme un caillou dans la chaussure. Parfois il gêne, parfois pas mais de toute façon il rend l'apprentissage plus pénible et souvent plus lent.
la maturité cérébrale a un impact au niveau corporel, elle nous aide à avoir une bonne posture, une bonne coordination et à nous détendre facilement.
en lien avec
- la posture et l'hypotonie axiale (scolioses..)
- la conscience corporelle
- l'équilibre (monter, descendre, se pencher..)
- la mobilité, le déroulé du pied pour la marche
- la coordination fine et globale
- la pratique d'un sport et les mouvements croisés
- le tonus musculaire : jambes, bras, nuque, dos
- le langage : articulation, bégaiement, bredouillement
- l'apprentissage de la brasse, du vélo, des roulades
- la capacité à tenir, à se suspendre, à agripper
- la dextérité manuelle
- le geste graphique
- la détente
- les mouvements compensatoires
- la régulation du niveau d'activité
État émotionnel et relations sociales
Chaque réflexe a un impact sur les 3 sphères de l'être.
Néanmoins, certains réflexes sont plus "émotionnels" que d'autres, comme par exemple:
- le RPP (réflexe de paralysie par la peur)
- le réflexe de parachute (hands supporting)
- le réflexe d'attachement (bonding)
- le réflexe de sursaut et de retrait
- le réflexe de protection des tendons
le cerveau limbique déclenche des réactions de fuite ou de lutte. On notera une faiblesse du cerveau limbique lorsque les interactions sociales sont difficiles, lorsqu'il y a une résistance à être touché ou pris dans les bras, lorsqu'il y a un besoin compulsif de plaire aux autres, une incapacité à s'affirmer, à dire "non" ou lorsqu'il y a des pics émotionnels ou de la déprime
Le réflexe de Moro est un réflexe qui est souvent actif et il a des implications sur :
- la sensibilité,
- l'énergie vitale,
- la paix intérieure
- la confiance en soi
- le mode alimentaire
- le sommeil
- la gestion des émotions
- les relations avec les pairs
Car un enfant ou un adulte concerné par un réflexe de Moro non-intégré, a ses capteurs sensoriels en éveil. Inconsciemment, il est sur le qui-vive à l'affût d'un danger. Cette hypervigilance se manifeste par une augmentation du cortisol, la fameuse hormone du stress : cela génère de la fatigue, un manque d'endurance voire de l'épuisement. Dès lors, il est difficile d'apprendre en toute quiétude...
Un enfant dont le Moro reste actif aura tendance
- soit à avoir un comportement de retrait, une difficulté à vivre des changements, à aller vers les autres car fort "éponge émotionnelle"
- ou au contraire il sera plutôt fonceur et envahissant avec une difficulté à respecter les limites de l'autre
Le réflexe de Moro est souvent actif chez les enfants autistes.
Il peut aussi se manifester concrètement de diverses façons, notamment par :
- hypersensibilité et tendance à se mettre à l’écart des stimuli sensoriels externes (auditifs, tactiles et/ou visuels)
- difficulté à s’abstraire des bruits de fond
- difficulté à se connecter à son ressenti
- des colères, de l'inhibition
- une attirance pour ce qui est sucré, des compulsions, addictions
- anxiété, peurs, tocs, du stress , de la dépression, phobies
- allergies, des difficultés respiratoires, une faible immunité
- mal des transports et des difficultés vestibulaires
- seuil de tolérance bas
Tout est donc intimement lié. Souvent plusieurs symptômes sont présents.
Les aborder sous l'angle des réflexes permet non seulement de solutionner différentes problématiques en même temps, mais également d'impacter positivement la mise en place d'autres réflexes apparus postérieurement.
En revanche, si les mouvements rythmiques sont bénéfiques, ils doivent être réalisés dans le respect complet du seuil de tolérance de la personne.
L'intégration des réflexes se doit d'être toujours un moment agréable !
Les Causes de la non-intégration des réflexes
Un enfant est naturellement "cablé" pour se développer s’il se trouve dans un contexte de sécurité affective, et qu’il profite d’une motricité libre: son programme moteur inné pourra se développer de manière harmonieuse.
Cependant certains enfants n'ont pas la possibilité d'intégrer certains réflexes complètement ou dans dans les temps. C'est le cas de
- enfants prématurés
- enfants nés par césarienne
- enfants nés avec un handicap physique, moteur, sensoriel, mental ou un syndrome particulier.
- enfants dont le processus de naissance a été trop rapide.
Il y a des facteurs qui interviennent également :
- des conditions de grossesse stressantes
- une lésion cérébrale au moment de l'accouchement
- des facteurs héréditaires ou une maladie
- un manque de stimulations
- des ondes (technologie sans fil)
- une intoxication de la maman par des métaux lourds ou substances toxiques
- du matériel de puériculture inadéquat (trop de temps passé dans un trotteur ou un siège auto...)
- ou un peu de tout ça.
Le développement moteur, cognitif ou émotionnel en sera affecté que ce soit chez le nouveau-né, l’enfant, l’ado ou l’adulte.
Parfois, les réflexes ont été bien intégrés mais ils réapparaissent à la suite d’un choc émotionnel, d’un trauma ou d’un gros stress.
Ils sont bien utiles pour réagir le plus adéquatement possible dans les situations de « survie » , que ce soit par un sursaut, un réflexe de figement ou un réflexe de protection des tendons par exemple.
Malheureusement, chez les enfants, IMC, le travail de maturation des réflexes est lent, ardu et souvent jamais "abouti" : la lésion cérébrale reste ... En revanche, il est fortement conseillé d'aborder le développement de ces enfants sous l'angle de l'intégration des réflexes, et j'encourage vivement les kinés à se former également en MNRI car ils/elles prennent en charge les enfants minimum 2X/semaine !